À l’atelier, on ne voit qu’elles. Ces vieilles dames d’un autre temps, qui ont chacune leur histoire. Elles se sont connues à l’occasion de l’ouverture de l’atelier.
En entrant, notre regard est directement absorbé par le massicot. Cette machine sert à rogner un livre, couper plusieurs dizaines de feuilles en même temps, grâce à une lame actionnée par des engrenages. Elle est majestueuse et bien portante. Ce fût ma première grosse machine et un coup de cœur. Elle vient d’un brocanteur qui l’avait démontée ; d’un ancien atelier de reliure dans la région Parisienne. Madame a fait un arrêt en Touraine en attendant mon déménagement cinq plus tard, toujours en pièces détachées.
Dans un deuxième temps, ce fût l’étau à endosser. Cette machine est sur le même principe qu’un étau classique mais avec des mâchoires à 45°, servant à former les mors (articulation entre le livre et le carton, sur une reliure classique), grâce à nos passages avec notre marteau à endosser. Elle vient de la Drôme, en une seule pièce et appartenait à un ancien libraire-relieur. En attendant d’arriver à l’atelier, celle-ci a passé quelques mois chez mes parents.
Puis, ce fût au tour de la presse à percussion. Elle presse tous vos livres de la plaçure (moment où le livre n’est constitué que de cahiers) jusqu’à la finition (quand le livre est terminé). Elle appartenait à un ancien artiste plasticien et nous sommes allés la chercher en plein cœur de Marseille. Pour l’anecdote, nous l’avions démonté sur place mais nous avions oublié les écrous.
Et enfin, Madame la cisaille ! Cette machine sert à couper du papier ou une plaque de carton, grâce à un système de lame – contre-lame. Elle appartenait à un ancien encadreur, en Bretagne. Je me rappellerai toujours l’hésitation de son propriétaire face à ma certitude que cette cisaille aller rentrer dans ma voiture. Après avoir fait une longue partie de Tetris, j’ai pu l’amener avec moi en Touraine, avant le déménagement final.
Chaque machine a une histoire différente, un voyage différent mais ensemble sont une famille. Et comme j’aime si bien le rappeler toutes ces machines ne marchent pas avec de l’électricité.
